Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 6.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
DE GUSTAVE FLAUBERT.

plus grands événements de notre vie sont l’arrivée des lettres de la « fameuse fille ». Ta bonne maman va bien et son moral se remonte. Elle a eu ces jours-ci un rhume, qui est maintenant à peu près passé. Coralie est partie hier ; sa sœur et sa mère sont arrivées mercredi. Cette bonne compagnie fait le plus grand bien à ta grand’mère. Mais quand elle ne l’aura plus, que deviendra-t-elle ? Et moi, que deviendrai-je ? Ce ne sera pas gai !

Je ne me rappelle pas ce que je t’ai dit à la porte du Café Riche ; n’était-ce pas de prendre des notes ? Celles que tu peux écrire sont sans doute plus pittoresques que les miennes, présentement ; car je suis perdu dans les Pères de l’église. Ma fatigue est passée et je médite un Saint Antoine nouveau ; tout mon ancien ne me servira que comme fragments.

Dans une huitaine de jours, je me mettrai aux corrections de mon roman.

Quant à l’extérieur, la politique est au calme plat. À Saint-Étienne, près de Lyon, il y a eu révolte des ouvriers mineurs et on a cassé quelques prolétaires.

J’allais oublier de te dire que, jeudi, ton oncle Achille Dupont est venu déjeûner ; il m’a raconté l’histoire de Mlle de T*** que j’ignorais ; puis des détails sur la sœur cadette, qui sont HÉNAURMES ! Tout cela jette un jour bien défavorable sur « nos campagnes ».

Pauvre loulou, je voudrais bien traverser avec toi celles qui t’entourent ! Je t’avoue que je vous jalouse bassement. Tu n’imagines pas comme je suis content de voir que les voyages te