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CORRESPONDANCE

peu de liberté pour le moment, car avec la meilleure volonté du monde il m’est impossible de faire à la fois les affaires de tous. Je vais au plus pressé, d’abord.

D’ailleurs, vous avez tort de vouloir publier maintenant. À quoi cela vous servira-t-il ? Où sont les lecteurs ?

Je ne vous cache pas que je trouve vos aimables reproches, touchant le voyage de Mantes, injustes. Comment ne comprenez-vous pas qu’il me sera très pénible d’aller à Mantes ? Toutes les fois que je passe devant le buffet, je détourne la tête. Je tiendrai néanmoins ma promesse. Mais il me sera plus facile d’aller de Paris à Mantes que de m’y arrêter en passant. Ne me gardez donc pas rancune ; plaignez-moi plutôt.


1231. À ÉMILE ZOLA.
[Paris]. Vendredi soir [1er  décembre 1871].

Je viens de finir votre atroce et beau livre[1] ! J’en suis encore étourdi. C’est fort ! Très fort !

Je n’en blâme que la préface. Selon moi, elle gâte votre œuvre qui est si impartiale et si haute. Vous y dites votre secret, ce qui est trop candide, et vous exprimez votre opinion, chose que, dans ma poétique (à moi), un romancier n’a pas le droit de faire.

Voilà toutes mes restrictions.

  1. La Fortune des Rougon, publiée le 14 octobre 1871.