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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1230. À MADAME RÉGNIER.
[Paris] Jeudi soir 7 heures [30 novembre 1871].
Chère Madame,

J’ai eu dans ces derniers temps à m’occuper :

1o  Du tombeau de Bouilhet ;

2o  De son monument ;

3o  De son volume en vers, qui est sous presse depuis hier ;

4o  Je cherche un graveur pour faire son portrait ;

5o  Tous mes moments depuis quinze jours sont pris par Aïssé que je lis demain aux acteurs[1]. Les répétitions commenceront samedi prochain ; et la pièce pourra être jouée vers le 1er  janvier.

Je suis parti de Croisset si brusquement que mon domestique et mes bagages sont arrivés trois jours après moi. Le détail des intrigues qu’il m’a fallu vaincre demanderait un volume.

J’ai fait engager des acteurs. J’ai travaillé moi-même les costumes au Cabinet des Estampes ; bref, je n’ai pas un moment de répit depuis quinze jours, et cette petite vie exaspérante et occupée va durer du même train pendant deux bons mois encore.

Quel monde ! Je ne m’étonne pas que mon pauvre Bouilhet en soit mort. De plus j’ai re-écrit la Préface de son volume, qui me déplaisait.

Je vous prie donc, en grâce, de me donner un

  1. Lecture d’Aïssé à l’Odéon, 1er  décembre 1871.