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CORRESPONDANCE

1222. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi soir, 11 heures [6 novembre 1871].

Ouf ! Je viens de finir « mes dieux ! » Encore trois pages et j’aurai terminé la cinquième partie du bon Saint Antoine, qui en aura huit en tout. C’est peut-être très beau, mais ça pourrait bien être profondément stupide. Je ne sais plus qu’en penser ! Je crois que j’aurais besoin de donner un peu de repos à ma malheureuse cervelle ! Les répétitions d’Aïssé la distrairont en me tapant sur les nerfs. Ce sera un changement. Nous avons eu hier à dîner les Achille qui avaient passé leur après-midi chez l’élégant Saint-André, à la chasse ! Voilà un double plaisir que je comprends peu. Demain, nous aurons à dîner, et peut-être à coucher, Mme Marie Schlésinger. Voilà toutes les nouvelles, pauvre loulou.

J’oubliais de te dire que j’ai reçu de Dieppe 500 francs. Quelle signature que celle de Daviron ! Quel paraphe ! Est-ce assez splendide !

Comme je ne reçois aucune lettre de Duquesnel, je vais lui écrire ce soir même pour savoir ce que deviennent les affaires théâtrales.

Tu ne me parles pas de la peinture, ni de la musique, ni de tes lectures. Il me semble qu’il y a très longtemps que je ne t’ai vue, chère Caro, extrêmement longtemps ! Pourquoi cela ?

Es-tu contente de ton Hongrois[1] ?


  1. Un modèle qui servait à Mme Commanville pour ses études de peinture.