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CORRESPONDANCE

famille allemande ! Dans un pays ennemi ! Comme votre grand cœur a dû saigner !

Venez donc, nous avons tant de choses à nous dire, de ces choses qui ne se disent pas, ou qui se disent trop mal, avec la plume.

Qui vous empêche ? N’êtes-vous pas libre ? Ma mère vous recevrait avec grand plaisir en souvenir du bon vieux temps. Nous pouvons vous offrir un lit, tout au moins à dîner. Ne me refusez pas cela.

Adieu. Je vous embrasse bien fort et suis toujours tout à vous.


1206. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Mercredi soir [6 septembre 1871].

Cette date me fait souvenir qu’il y a aujourd’hui un an j’étais fort inquiet de vous. Je cherchais de vos nouvelles partout ; j’ai été le lendemain à Dieppe voir Dumas. Quelle année ! Elle est finie, Dieu merci ; n’en parlons plus.

La rivière continue à couler, les jours se passent et le cataclysme prochain, dont les trembleurs nous menacent, me paraît se reculer. Ils ont une jolie manière de consolider les choses, en criant toujours qu’elles vont tomber. Pour prouver que la maison n’est pas solide, ils donnent de grands coups de pioche contre les murs. Le parti conservateur est le plus inepte de tous[1], n’ayant

  1. Allusion probable à l’obstruction systématique du parti conservateur à la politique modérée mais libérale de M. Thiers.