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DE GUSTAVE FLAUBERT.

littérature pour moi, comme un bourgeois tourne des ronds de serviette dans son grenier. Vous me direz qu’il vaudrait mieux être utile. Mais comment l’être ? Comment se faire écouter ?

Tourgueneff m’a écrit qu’à partir du mois d’octobre il venait se fixer à Paris pour tout l’hiver. Ce sera quelqu’un à qui parler. Car je ne peux plus parler de quoi que ce soit avec qui que ce soit.

Je me suis occupé aujourd’hui de la tombe de mon pauvre Bouilhet ; aussi, ce soir, ai-je un redoublement d’amertume.


1205. À MADAME MAURICE SCHLÉSINGER.
Croisset, mercredi soir, 6 septembre 1871.

Pourquoi ne vous verrai-je pas ? Qui donc vous empêche de passer par Rouen et de me faire une petite visite, chez moi, à Croisset ?

La guerre a donné à ma mère cent ans de plus. Je n’ose pas la quitter. Et quand je suis obligé de m’absenter, ma nièce (celle qui habite Dieppe) vient me remplacer. Comme j’ai passé à Paris tout le mois d’août, je suis maintenant contraint de rester ici. Voilà pourquoi, chère et vieille amie, éternelle tendresse, je ne vais pas vous rejoindre sur cette plage de Trouville où je vous ai connue et qui, pour moi, porte toujours l’empreinte de vos pas.

Comme j’ai pensé à vous pendant tout cet hiver ! Avez-vous dû souffrir, au milieu d’une