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DE GUSTAVE FLAUBERT.

les mêmes sottises, à retourner dans le même cercle, à débagouler les mêmes inepties.

J’étais à Versailles le jour de l’abrogation des lois d’exil et j’ai vu beaucoup de monde. Le plus infâme des partis est celui de Badinguet ; de cela j’en suis sûr. Il me semble que le père Thiers se purifie. Celui-là, au moins, ne parle pas de principes, ne blague pas. Mais dans quinze jours ce sera un « rouge », comme Cavaignac. À propos de militaires, j’ai été bien content de l’éloge que Changarnier a fait de monsieur votre frère[1]. Quand vous lui écrirez, voudrez-vous me rappeler à son souvenir ? J’ai une grande envie de lui serrer la main.

Que dites-vous de mon ami Maury, qui tout le temps de la Commune a maintenu le drapeau tricolore sur les Archives ? Ce qui ne l’empêchait pas de continuer ses petits mémoires « sur les Étrusques ». Il y a ainsi quelques philosophes. Je ne suis pas du nombre.

Croiriez-vous que beaucoup de « gens raisonnables » excusent les Prussiens, admirent les Prussiens, veulent se faire Prussiens, sans voir que l’incendie de Paris est le cinquième acte de la tragédie et que toutes ces horreurs sont imitées de la Prusse et fort probablement suscitées par elle ? Du reste, un fait si considérable comporte en soi bien des éléments. Il y a de tout dans cette grande horreur. Il y a de l’envie, de l’hystérie, de l’iconoclaste et du Bismarck.

Depuis que j’en ai repu mes yeux j’ai bien du mal à travailler. Donnez-moi de vos nouvelles,

  1. Le général Letellier-Valazé.