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DE GUSTAVE FLAUBERT.

À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, jeudi matin, 9 heures. [8 juin 1871].
Mon Loulou,

Je m’étonne beaucoup de n’avoir aucune nouvelle de vous. La faute en est à la poste, sans doute.

Hier, dans l’après-midi, je suis passé chez ton mari. Il était sorti. Je ne sais pas si nous nous rencontrerons, car nous sommes en courses l’un et l’autre du matin au soir.

Je n’ai pu encore découvrir ni Chilly ni de Goncourt, et je m’en irai probablement sans avoir pu mettre la main dessus.

Aujourd’hui, je vais passer toute la journée à Versailles. Bien que la Bibliothèque impériale ne soit pas ouverte, j’y travaillerai demain de 11 heures à 4 heures. On fait des recherches pour moi, et je trouverai tout prêts les livres dont j’ai besoin.

À cause de Chilly, je resterai à Paris jusqu’à dimanche. Donc, attendez-moi dimanche pour dîner. Tu pourras partir lundi.

Quel froid ! Quelle pluie ! L’air de Paris n’est nullement malsain. Mais tu y verras de belles ruines. C’est sinistre et merveilleux.

Je suis loin d’avoir tout vu, et je ne verrai pas tout ; il faudrait flâner et prendre des notes pendant quinze jours.

Que dis-tu de mon ami Maury qui a maintenu le drapeau tricolore sur les Archives, malgré la Commune !…