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CORRESPONDANCE

« La France a cru pouvoir le compter parmi ses plus puissants génies. » A cru est sublime ! Cela signifie : « Autrefois nous n’avions pas de goût, mais les révolutions nous ont éclairé en matière d’art, et définitivement, ce n’est qu’un pitre-poète ! » et « qui a eu le talent de se faire des rentes (vous en voulez donc à l’argent, maintenant ? Vous n’êtes donc plus rural ? À qui se fier ?) avec des phrases sonores et des antithèses énormes. » Faites-en de pareilles, mes bons ! Je vous trouve drôles, dans la rue Saint-Étienne-des-Tonneliers !

Mais Proudhon avait déjà dit : « il faut plus de génie pour être batelier des bords du Rhône que pour faire les Orientales ! » ; et Augustine Brohan, pendant tout l’hiver de 1853, a prouvé dans le Figaro que le susdit Hugo n’avait jamais eu le moindre talent. N’imitez pas ce paillasse et cette catin. Dans l’intérêt de l’ordre public et du rétablissement de la morale, la première tentative à faire serait de parler de ce qu’on sait. Choisissons nos armes ! Ne donnons pas raison à nos ennemis ; et quand vous voudrez attaquer la personnalité d’un grand poète, ne l’attaquez pas comme poète ; autrement tous ceux qui se connaissent en poésie se détacheront de vous.

Les deux articles du docteur Morel m’avaient déjà navré comme ignorance, car il attribue à Saint-Simon et à Bouchez précisément le contraire de ce qu’ils ont écrit.

Même objection pour Cernuschi et les sociétés coopératives, ledit Cernuschi ayant fait contre les Sociétés coopératives un livre[1] qui lui a valu

  1. Illusions des sociétés coopératives.