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DE GUSTAVE FLAUBERT.

triste, maintenant ! Ma seule distraction consiste à me plonger dans les eaux troubles du fleuve qui coule sous mes fenêtres et je me force pour penser à Saint Antoine.

Mais je n’ai besoin d’aucun effort pour songer à cette Princesse, à qui je baise les deux mains bien dévotement, car je suis

son tout dévoué.

N. B. — Je vous ferai observer que je n’ai pas dit un mot de politique, conduite originale et méritoire.


1180. À CHARLES LAPIERRE.
Confidentielle.
[Croisset] 27 mai [1871].
Mon cher Lapierre,

C’est à vous seul que j’écris ; alors je vais, sans gêne aucune, vous déclarer tout ce que j’ai sur le cœur.

Votre feuille me paraît être « sur une pente » et elle la descend même si vite que votre No de ce matin m’a scandalisé[1].

Le paragraphe sur Hugo dépasse toute mesure,

  1. Voici le paragraphe de l’article du Nouvelliste de Rouen : « Un homme que la France a cru pendant quelque temps pouvoir compter parmi ses plus puissants génies et qui a eu le talent de se faire beaucoup de mille livres de rentes avec des phrases sonores et des antithèses énormes, un pitre-poète, tour à tour chantre de la monarchie, du bonapartisme et de la République — vous avez nommé Victor Hugo — vient de dire son mot sur l’épouvantable drame auquel nous assistons. Ce produit d’un cerveau ardemment ramolli ou détraqué est intitulé : Paris et la France. »