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CORRESPONDANCE

nal. Ces continuelles horreurs me dégoûtent plus encore qu’elles ne m’attristent, et je me plonge de toutes mes forces dans le bon Saint Antoine. J’ai commencé ce soir la description d’un petit cimetière chrétien où les fidèles viennent pleurer les martyrs. Ce sera estrange.

Pauvre Caro ! Quel dommage que nous ne vivions pas ensemble ! J’aime tant causer avec toi ! Maintenant, d’ailleurs, je n’ai plus personne pour recevoir mes épanchements.

J’ai appris ce matin, par les feuilles, la mort de Mme Viardot. Je plains beaucoup Tourgueneff et vais lui écrire immédiatement.

À propos d’écrire, ta dernière lettre à ta grand’mère était bien gentille. Premier prix de style épistolaire : Caro !

Comme ton époux a dû être éreinté de son voyage ! Je suis content de savoir qu’il a réussi dans ce qu’il voulait près du sylphe Winter[1].

Ton vieux ganachon.

1174. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Mercredi soir [3 mai 1871].

Je n’ai reçu que deux lettres depuis que nous nous sommes vus. L’une, il y a huit jours, à la date du 22 avril et l’autre, dimanche dernier, datée du 28. Je suis maintenant sûr qu’on en a intercepté de part et d’autre, à moins qu’elles

  1. Marié à une ami de Mme Commanville, était, paraît-il, très gros.