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CORRESPONDANCE

la civilisation, centre des belles manières et de l’urbanité.

Savez-vous le pire de tout cela ? C’est qu’on s’y habitue. Oui, on s’y fait. On s’accoutume à se passer de Paris, à ne plus s’en soucier, et presque à croire qu’il n’existe plus.

Pour moi, je ne suis pas comme les bourgeois ; je trouve que, après l’invasion, il n’y a plus de malheurs. La guerre de Prusse m’a fait l’effet d’un grand bouleversement de la nature, d’un de ces cataclysmes comme il en arrive tous les six mille ans ; tandis que l’insurrection de Paris est, à mes yeux, une chose très claire et presque toute simple.

Quels rétrogrades ! quels sauvages ! comme ils ressemblent aux gens de la Ligue et aux maillotins ! Pauvre France, qui ne se dégagera jamais du moyen âge ! qui se traîne encore sur l’idée gothique de la commune, qui n’est autre que le municipe romain !

Ah ! j’en ai gros sur le cœur, je vous le jure !

Et la petite réaction que nous allons avoir après cela ! Comme les bons ecclésiastiques vont refleurir !

Je me suis remis à Saint Antoine, et je travaille violemment.


1170. À MADAME ROGER DES GENETTES.
Croisset, jeudi [27 avril ? 1871].

Je ne vous ai pas écrit parce que je vous croyais enfermée dans Paris, où vous n’étiez pas