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CORRESPONDANCE

Comme je suis las, comme je voudrais m’en aller vivre dans un endroit où je n’entendrais plus parler de rien !

Adieu, chère Madame, je n’ose vous dire à bientôt.


1162. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Dieppe [vendredi 31 mars 1871].

Demain enfin je me résigne à rentrer dans mon pauvre logis où je vais tâcher de travailler pour oublier la France. J’y attendrai que Paris soit tranquille !

J’ai appris ce matin que ces Messieurs de l’Hôtel de Ville[1] s’étaient emparés de la poste. Aussi ne suis-je pas bien sûr que cette lettre vous parvienne. Ils me paraissent si bêtes que leur règne ne sera pas long !

Mon retour a été pénible : j’ai eu de New Haven à Dieppe un temps abominable ; j’en suis encore fatigué.

J’ai passé près de vous quatre jours bien bons, les seuls bons que j’aie eus depuis huit mois ! Je vous ai trouvée plus vaillante et mieux portante que je ne l’espérais. Conservez-vous pour nous. Un temps viendra où nous nous retrouverons peut-être tous ensemble dans le cher endroit que nous regrettons.

Si rien n’est changé pour nous d’ici au milieu

  1. La Commune, installée à l’Hôtel de Ville, s’était attribué un pouvoir législatif.