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CORRESPONDANCE

votre voyage et comment se sera passé votre séjour à Rouen, surtout à cause de notre pauvre vieille.

Dumas m’a dit que les Prussiens quittaient Dieppe demain, définitivement. Il est fâcheux que tu ne puisses pas y rester un peu plus longtemps.

Adieu, pauvre chère Caro.

Ton vieil scheik.

En vous écrivant samedi matin de Bruxelles, vous ne pouvez pas avoir la lettre à Rouen avant lundi. Tâche de faire comprendre ça à notre vieille.


1154. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Samedi [4 mars 1871].

Eh bien ? c’est fini ! La honte est bue ! mais pas digérée[1]. Comme j’ai pensé à vous mercredi et comme j’ai souffert ! Toute la journée j’ai vu les faisceaux des Prussiens briller au soleil dans l’avenue des Champs-Élysées et j’entendais leur musique, leur odieuse musique sonner sous l’arc de Triomphe ! L’homme qui dort aux Invalides devait s’en retourner de rage dans son tombeau !

  1. Le 1er  mars 1871 l’Assemblée Nationale confirma la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie, et accepta les conditions de paix imposées par l’Allemagne, dont le défilé solennel des Allemands aux Champs-Élysées.