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CORRESPONDANCE

cabinet, mes livres, mes notes, mes manuscrits ? Je n’ai pu mettre à l’abri que mes papiers relatifs à Saint Antoine. Émile a pourtant la clef de mon cabinet, mais ils la demandent et y entrent souvent pour prendre des livres qui traînent dans leurs chambres.

Nous touchons au commencement de la fin ! Au reste, tu sais mieux les nouvelles que nous. Elles sont déplorables. Le pauvre Paris ne pourra pas résister longtemps à l’effroyable bombardement qu’il subit ! Et puis après ? Comment faire la paix ? Avec qui ? Le dénouement me paraît fort obscur. Quelle dérision du droit, de la justice, de l’humanité, de toute morale ! Quel recul ! Il me semble que la fin du monde arrive. Les gens qui me parlent d’espoir, d’avenir et de Providence m’irritent profondément. Pauvre France, qui se sera payée de mots jusqu’au bout !

Adieu, ma chère Caro ! Quand te reverrai-je ? Je t’embrasse bien tendrement.

Ton vieil oncle épuisé.

1147. À SA NIÈCE CAROLINE.
1er  février 1871.
Chère Caro,

Ton mari m’a écrit hier qu’il t’engageait à revenir dès que le paquebot de New-Haven sera rétabli. Le blocus est donc levé ? Ce que je ne crois pas. Il ajoute qu’il croit te revoir dans une huitaine. J’ai peur que la huitaine se passe sans