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CORRESPONDANCE

Mes respects au général et à toi toutes mes tendresses.


1131. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset.] Mercredi soir, 5 octobre 1870.]
Ma chère Caro,

Je n’ai pas de bonnes nouvelles à te donner.

Les Prussiens sont d’un côté à Vernon et de l’autre à Gournay. Rouen ne résistera pas ! Je ne connais rien de plus ignoble que la Normandie ! Aussi est-il probable que les Prussiens ne s’y livreront pas à de grands excès.

La République me paraît dépasser l’Empire en bêtise ! On parle toujours des armées du centre et on ne les voit pas. On promène les soldats d’une province à l’autre ; voilà tout. Les gens de cœur qui s’en mêlent rentrent chez eux, désespérés ; nous sommes non seulement malheureux, mais ridicules.

Quant à Paris, il résistera quelque temps encore ; mais on dit que la viande ne va pas tarder à manquer, alors il faudra bien se rendre. Les élections pour la Constituante auront lieu le 16. Il est impossible que la paix soit faite auparavant, et avant que tout soit réglé ; il nous faut donc attendre encore un mois. Dans un mois tout sera fini, c’est-à-dire le premier acte du drame sera fini : le second sera la guerre civile.

Il y a eu du revif après la circulaire de Favre ; mais la reddition de Strasbourg (auquel on n’a pas