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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Quelle immense bouffonnerie que… tout ! Mais une bouffonnerie peu gaie.

La misère s’annonce bien. Tout le monde est dans la gêne, à commencer par moi ! Mais nous étions peut-être trop habitués au confortable et à la tranquillité. Nous nous enfoncions dans la matière. Il faut revenir à la grande tradition, ne plus tenir à la vie, au bonheur, à l’argent, ni à rien ; être ce qu’étaient nos grands-pères, des personnes légères, gazeuses.

Autrefois, on passait son existence à crever de faim. La même perspective pointe à l’horizon. C’est abominable ce que vous me dites sur le pauvre Nohant. La campagne ici a moins souffert que chez vous.


1116. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi, 5 heures soir [8 août 1870].

Merci de tes conseils, ma chère Caro, mais, Dieu merci, je les crois inutiles. Il y a cependant, dans ta lettre, apportée par le frère de Daviron[1], deux ou trois expressions qui me mettent la puce à l’oreille.

Comme ton mari doit être en courses continuellement, tu serais bien aimable de me faire une visite, ne serait-elle que de quelques heures. La semaine ne passera pas sans qu’on te voie, n’est-ce pas ?

  1. L’employé principal d’Ernest Commanville.