Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 6.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
DE GUSTAVE FLAUBERT.

Après quoi j’essaierai de reprendre Saint Antoine. Mais le cœur n’y est guère. Vous savez bien qu’on écrit toujours en vue de quelqu’un. Or, ce quelqu’un-là n’étant plus, le courage me manque.

Je vis donc seul, en tête à tête avec ma mère qui vieillit de jour en jour, qui s’affaiblit, qui se plaint ! Une conversation un peu sérieuse est devenue impossible avec elle ; et je n’ai personne à qui parler.

J’espère aller à Paris au mois d’août et alors vous voir. Mais où serez-vous ? Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, mon pauvre Edmond ! Personne plus que moi ne vous plaint.

Je vous embrasse très fortement.


1104. À GEORGE SAND.
Dimanche, 26 juin 1870.

On oublie son troubadour qui vient encore d’enterrer un ami ! De sept que nous étions au début des dîners Magny, nous ne sommes plus que trois ! Je suis gorgé de cercueils comme un vieux cimetière ! J’en ai assez, franchement.

Et au milieu de tout cela je continue à travailler ! J’ai fini hier, vaille que vaille, la notice de mon pauvre Bouilhet. Je vais voir s’il n’y a pas moyen de recaler une comédie de lui, en prose, le Sexe faible. Après quoi, je me mettrai à Saint Antoine.

Et vous, chère maître, que devenez-vous avec tous les vôtres ? Ma nièce est dans les Pyrénées