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CORRESPONDANCE

sont rares. Le livre se vend néanmoins très bien malgré la politique, et Lévy m’a l’air content.

Je sais que les bourgeois de Rouen sont furieux contre moi, « à cause du père Roque et du cancan des Tuileries ». Ils trouvent qu’on devrait empêcher de publier des livres comme ça (textuel), que je donne la main aux Rouges, que je suis bien capable d’attiser les passions révolutionnaires, etc. ! Bref, je recueille, jusqu’à présent, très peu de lauriers, et aucune feuille de rose ne me blesse.

Je vous ai dit, n’est-ce pas, que je retravaillais la Féerie ? (Je fais maintenant un tableau des courses et j’ai enlevé tout ce qui me semblait poncif.) Raphaël Félix[1] ne m’a pas l’air empressé de la connaître. Problème.

Tous les journaux citent comme preuve de ma bassesse l’épisode de la Turque, que l’on dénature, bien entendu, et Sarcey me compare au marquis de Sade, qu’il avoue n’avoir pas lu !…

Tout ça ne me dévisse nullement. Mais je me demande à quoi bon imprimer ?


1084. À GEORGE SAND.
Mardi, 4 heures. [7 décembre 1869.]
Chère Maître,

Votre vieux troubadour est trépigné et d’une façon inouïe. Les gens qui ont lu mon roman

  1. Directeur de la Porte-Saint-Martin.