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CORRESPONDANCE

Ainsi, ce n’est point lui, mais vous, qui avez fait une erreur ridicule.

Si vous dédaigniez un peu moins les voyages, vous auriez pu voir au musée de Turin le propre bras de sa momie, rapportée par M. Passalacqua, d’Égypte, et dans la pose que décrit Th. Gautier, cette pose qui, d’après vous, n’est certainement pas égyptienne. Sans être ingénieur non plus, vous auriez appris ce que font les Sakiehs pour amener l’eau dans les maisons, et vous seriez convaincu que je n’ai point abusé des vêtements noirs en les mettant dans les pays où ils foisonnent et où les femmes de la haute classe ne sortent que vêtues de manteaux noirs. Mais comme vous préférez les témoignages écrits, je vous recommanderai, pour tout ce qui concerne la toilette des femmes, Isaïe, iii, 3, la Mischna, tit. de Sabbatho, Samuel, xiii, 18, saint Clément d’Alexandrie, Pœd., II, 13, et les dissertations de l’abbé Mignot, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XLII. Et quant à cette abondance d’ornementation qui vous ébahit si fort, j’étais bien en droit d’en prodiguer à des peuples qui incrustaient dans le sol de leurs appartements des pierreries. (Voy. Cahen, Ézéchiel, xxviii, 14.). Mais vous n’êtes pas heureux, en fait de pierreries.

Je termine, Monsieur, en vous remerciant des formes amènes que vous avez employées, chose rare maintenant. Je n’ai relevé parmi vos inexactitudes que les plus grossières, qui touchaient à des points spéciaux. Quant aux critiques vagues, aux appréciations personnelles et à l’examen littéraire de mon livre, je n’y ai pas même fait allusion. Je me suis tenu tout le temps sur votre terrain,