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CORRESPONDANCE

Malgré l’habitude où je suis de ne répondre à aucune critique, je ne puis accepter la vôtre. Elle est pleine de convenance et de choses extrêmement flatteuses pour moi ; mais comme elle met en doute la sincérité de mes études, vous trouverez bon, s’il vous plaît, que je relève ici plusieurs de vos assertions.

Je vous demanderai d’abord, Monsieur, pourquoi vous me mêlez si obstinément à la collection Campana, en affirmant qu’elle a été ma ressource, mon inspiration permanente ? Or j’avais fini Salammbô au mois de mars, six semaines avant l’ouverture de ce musée. Voilà une erreur, déjà. Nous en trouverons de plus graves.

Je n’ai, Monsieur, nulle prétention à l’archéologie. J’ai donné mon livre pour un roman, sans préface, sans notes, et je m’étonne qu’un homme illustre, comme vous, par des travaux si considérables perde ses loisirs à une littérature si légère ! J’en sais cependant assez, Monsieur, pour oser dire que vous errez complètement d’un bout à l’autre de votre travail, tout le long de vos dix-huit pages, à chaque paragraphe et à chaque ligne.

Vous me blâmez « de n’avoir consulté ni Falbe ni Dureau de la Malle, dont j’aurais pu tirer profit ». Mille pardons ! je les ai lus, plus souvent que vous peut-être, et sur les mines mêmes de Carthage. Que vous ne sachiez « rien de satisfaisant sur la forme ni sur les principaux quartiers », cela se peut ; mais d’autres, mieux informés, ne partagent pas votre scepticisme. Si l’on ignore où était le faubourg Aclas, l’endroit appelé Fuscianus, la position exacte des portes principales dont on a les noms, etc., on connaît assez bien l’empla-