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DE GUSTAVE FLAUBERT.

la perte de la bataille, puisque l’armée des Mercenaires contenait des gens qui croyaient au Zaïmph ! J’indique les causes principales (trois mouvements militaires) de cette perte ; puis s’ajoute celle-là, comme cause secondaire et dernière.

Dire que j’ai inventé des supplices, aux funérailles des Barbares, n’est pas exact. Hendrich (Carthago, seu Carth. respublica, 1664.) a réuni des textes pour prouver que les Carthaginois avaient coutume de mutiler les cadavres de leurs ennemis. Et vous vous étonnez que des Barbares qui sont vaincus, désespérés, enragés, ne leur rendent pas la pareille, n’en fassent pas autant une fois et cette fois-là seulement ? Faut-il vous rappeler Mme de Lamballe, les Mobiles en 48, et ce qui se passe actuellement aux États-Unis ? J’ai été sobre et très doux, au contraire.

Et puisque nous sommes en train de nous dire nos vérités, franchement je vous avouerai, cher maître, que la pointe d’imagination sadique m’a un peu blessé. Toutes vos paroles sont graves. Or un tel mot de vous, lorsqu’il est imprimé, devient presque une flétrissure. Oubliez-vous que je me suis assis sur les bancs de la correctionnelle comme prévenu d’outrage aux mœurs, et que les imbéciles et les méchants se font des armes de tout ? Ne soyez donc pas étonné si un de ces jours vous lisez dans quelque petit journal diffamateur, comme il en existe, quelque chose d’analogue à ceci : « M. G. Flaubert est un disciple de Sade. Son ami, son parrain, un maître en fait de critique, l’a dit lui-même assez clairement, bien qu’avec cette finesse et cette bonhomie railleuse qui, etc. » Qu’aurais-je à répondre, — et à faire ?