chapitre iv.) Mâtho rôde comme un fou autour de Carthage. Fou est le mot juste. L’amour tel que le concevaient les anciens n’était-il pas une folie, une malédiction, une maladie envoyée par les dieux ? Polybe serait bien étonné, dites-vous, de voir ainsi son Mâtho. Je ne le crois pas, et M. de Voltaire n’eût point partagé cet étonnement. Rappelez-vous ce qu’il dit de la violence des passions en Afrique, dans Candide (récit de la vieille) : « C’est du feu, du vitriol, etc. »
À propos de l’aqueduc : ici on est dans l’invraisemblance jusqu’au cou. Oui, cher maître, vous avez raison et plus même que vous ne croyez ; mais pas comme vous le croyez. Je vous dirai plus loin ce que je pense de cet épisode, amené non pour décrire l’aqueduc, lequel m’a donné beaucoup de mal, mais pour faire entrer dans Carthage mes deux héros. C’est d’ailleurs le ressouvenir d’une anecdote rapportée dans Polyen (Ruses de guerre), l’histoire de Théodore, l’ami de Cléon, lors de la prise de Sestos par les gens d’Abydos.
On regrette un lexique. Voilà un reproche que je trouve souverainement injuste. J’aurais pu assommer le lecteur avec des mots techniques. Loin de là ! j’ai pris soin de traduire tout en français. Je n’ai pas employé un seul mot spécial sans le faire suivre de son explication, immédiatement. J’en excepte les noms de monnaie, de mesure et de mois que le sens de la phrase indique. Mais quand vous rencontrez dans une page kreutzer, yard, piastre ou penny, cela vous empêche-t-il de la comprendre ? Qu’auriez-vous dit si j’avais appelé Moloch Melek, Hannibal Han-Baal, Carthage