Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
CORRESPONDANCE

l’âme. Vivre attaché au même endroit ne vaut rien ni pour le corps, ni pour l’esprit. Nous sommes tous nés nomades. On ne manque point à ses origines impunément.

Il n’y a pas longtemps que nous étions des barbares !

En revoyant de loin des montagnes, mon vieux sang de voyageur a bondi dans mes veines. La vue du puy de Dôme me fait penser au Liban et au Taurus que je parcourais à cheval il y a onze ans. Pourquoi, parmi vos lectures, ne lisez-vous pas plus de voyages ? Cela ouvre l’imagination délicieusement, on vagabonde au coin de son feu. J’ai retrouvé ici un médecin que j’avais connu au Caire il y a douze ans. Nous causons du Nil au bord de l’Allier. Comme c’est loin, tout cela ! Comme tout change ! Mais ce qui ne change pas, c’est mon affection pour vous.

Allons, à bientôt ; bon courage et croyez-moi toujours

Votre très affectionné.


737. À ERNEST DUPLAN.
[Vichy] Vendredi, 4 h 12 [5 septembre 1862].

Je n’ai pas reçu le traité. Est-il perdu ? Ou bien y a-t-il du neuf ?

Nous partons d’ici lundi matin. Je passerai chez vous mardi. À quelle heure pourrai-je vous trouver, ô Président ?

À vous.