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CORRESPONDANCE

J’ai été il y a trois semaines à Paris, pour la première de Cadio. Je n’y suis resté que trois jours et ne suis pas allé chez toi, persuadé que tu étais encore à Trouville.

Ma mère est maintenant dans le pays de Caux, chez ses petites-filles. Elle va mieux qu’au printemps dernier ; ses longues stations au bord de la mer lui font du bien.

Moi, je reste à Croisset, où je vis comme un ours. Je deviens d’ailleurs de plus en plus irritable et insociable ; je finirai par ressembler à Marat, qui est une belle binette, quoique ce fût un rude imbécile.

À mes moments perdus, je me livre à l’étude de la Révolution Française.

Oui, j’envie Marfori ; seulement c’est un maladroit. Quelle perte pour la littérature s’il avait cassé la gueule à Rochefort ! Car tu sais que ledit est « le premier écrivain de l’époque ». Il me dégoûte radicalement du père Hugo.

À toi.


1002. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, samedi, 5 heures [novembre 1868].

Oui, mon bibi, je viens de finir mon chapitre. Il est même recopié, et lundi j’espère commencer le suivant.

Ta bonne maman réclame Mlle Julie et désire qu’elle soit rentrée à Croisset lundi soir, parce qu’elle a besoin d’elle mardi.

Elle attend le moment de te revoir avec une