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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1001. À ERNEST FEYDEAU.
Croisset, mardi soir [27 octobre 1868].

Ce que je deviens, mon bon Feydeau, mais rien du tout ! Je passe mon existence à me monter et à me démonter le bourrichon. Après avoir été pendant une semaine et demie sans dormir plus de cinq heures sur vingt-quatre, je suis présentement affecté de douleurs carabinées à l’occiput. J’ai besoin d’une bosse de sommeil, après quoi ça recommencera, espérons-le !

Je t’avouerai que je ne suis pas gai tous les jours. Je finis par être fourbu comme une vieille rosse, d’autant plus que je ne suis pas sans de violentes inquiétudes sur la conception de mon roman ; mais il est trop tard pour y rien changer.

Je vais avoir fini, dans une huitaine, le second chapitre de la dernière partie, et j’espère être affranchi du tout au mois de juillet prochain.

Mais je ne recommencerai plus à peindre les bourgeois, ah ! non ! ah ! non ! Il est temps que je m’amuse.

Tu serais bien aimable si tu pouvais répondre à ces deux questions : 1o Quels étaient, en juin 48, les postes de la garde nationale dans les quartiers Mouffetard, Saint-Victor et latin ?

2o Dans la nuit du 25 au 26 juin (la nuit du dimanche à lundi), était-ce la garde nationale ou la ligne qui occupait la rive gauche de Paris ?

Je me suis déjà adressé à pas mal de personnes et on ne m’a pas répondu ; je reste le bec dans l’eau avec trois pages blanches.