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CORRESPONDANCE

L’observation est une qualité secondaire en littérature, mais il n’est pas permis de peindre si faussement la société quand on est le contemporain de Balzac et de Dickens. C’était un bien beau sujet pourtant, mais quel calme il aurait fallu et quelle envergure scientifique ! Il est vrai que le père Hugo méprise la science et il le prouve.

Confirme en mon esprit Descartes ou Spinoza.

La postérité ne lui pardonnera pas, à celui-là, d’avoir voulu être un penseur, malgré sa nature. Où la rage de la prose philosophique l’a-t-elle conduit ? Et quelle philosophie ! Celle de Prud’homme, du bonhomme Richard et de Béranger. Il n’est pas plus penseur que Racine ou La Fontaine qu’il estime médiocrement ; c’est-à-dire qu’il résume comme eux le courant, l’ensemble des idées banales de son époque, et avec une telle persistance qu’il en oublie son œuvre et son art. Voilà mon opinion ; je la garde pour moi, bien entendu. Tout ce qui touche une plume doit avoir trop de reconnaissance à Hugo pour se permettre une critique ; mais je trouve, extérieurement, que les dieux vieillissent.

J’attends votre réponse et votre colère.


730. À ERNEST FEYDEAU.

Entièrement inédite.

Mercredi [juillet 1862].

Je commence à trouver ça bête. Es-tu mort ? Dans ce cas je te dispense de me répondre.