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CORRESPONDANCE

987. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset [15 août 1868].
Princesse,

Je suis bien fâché de vous avoir importunée inutilement, mais l’épouse légitime de mon protégé (qui est un ami de ma nièce) m’avait affirmé que son homme était parfaitement en mesure d’être promu chef de bataillon. Je prie donc Votre Altesse de m’excuser.

En arrivant ici jeudi matin j’ai trouvé votre aimable lettre du 12, où je vois (du moins vous le dites) que je ne vous ai pas trop été à charge pendant huit jours. C’est bien gentil, cela ! Quant à moi, si j’avais suivi mon propre entraînement, je serais resté indéfiniment près de vous ; mais… mais… mais… sans compter ma timidité, dont vous vous moquez et dont au fond vous ne doutez pas, Princesse.

J’étais si troublé jeudi soir, en vous quittant, que je n’avais plus la tête à moi. La princesse Charlotte[1] vous a conté mes grotesques embarras en chemin de fer. On ne saura jamais tout ce qu’il y a de faiblesses sous ma grosse enveloppe de gendarme. Mais je m’arrête, pour ne pas ressembler au monsieur (de mes amis) qui posait chez vous l’homme sentimental.

Me voilà donc revenu à mon travail.

Puisse-t-il vous plaire, Princesse ! Comme vous êtes difficile, votre suffrage serait pour moi un vrai triomphe.

  1. Comtesse Primoli.