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CORRESPONDANCE

Je vous avais promis (si vous vous en souvenez) de vous envoyer d’excellentes graines de navets. Il est probable que cette promesse est sortie de votre mémoire, vu son importance. N’importe, comme il y a, près d’Elbeuf, un pays nommé Martot, et renommé pour ce genre de légumes (que vous m’aviez dit aimer), je me suis mis en recherches. Mais j’ai appris que 1o  il était beaucoup trop tard pour semer des navets ; 2o  que Martot était en pleine décadence ! Hélas, oui ! Martot, tout comme Athènes et Babylone a eu sa splendeur ! Mais c’est fini ! et le voyageur errant dans ses potagers contemple avec tristesse les tronçons de légumes sans gloire, de pauvres navets rabougris. Soyons stoïques. Je suis cependant fâché de n’avoir pu vous envoyer un petit sac de graines. Cela vous aurait montré que je songe à vous, Princesse.

Je vous baise les deux mains et me mets à vos pieds.

G. Flaubert.

981. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, 22 juillet 1868.
Mon Caro,

Qué chaleur ! qué chaleur ! qué chaleur ! Nonobstant, ton vieux Cruchard[1] se porte très bien.

  1. Cruchard, type d’un père directeur de conscience des belles dames. Flaubert écrivit pour George Sand, que cette facétie avait beaucoup divertie, la, biographie du R. P. Cruchard sous le titre de Vie et travaux du R. P. C. par le R. P. Cerpet de la S. de J., dédié à la baronne Dudevant. C’était une réplique à la lettre de Marengo l’hirondelle. (Note de René Descharmes, édition Santandréa.)