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DE GUSTAVE FLAUBERT.

grande ivresse doivent lui être étrangers. Tant mieux pour lui. Ne trouvez-vous pas qu’il a l’air né marié ?

C’est un homme moderne ; moi, je suis un fossile. Il est plein de calme et de raison. Moi, un rien me trouble et m’agite. Donc je l’envie profondément.

Je me mets à vos pieds, Princesse, et vous baise les deux mains, en étant votre très affectionné.


976. À GEORGE SAND.
Croisset, dimanche, 5 juillet 1868.

J’ai violemment bûché depuis six semaines. Les patriotes ne me pardonneront pas ce livre, ni les réactionnaires non plus ! Tant pis ; j’écris les choses comme je les sens, c’est-à-dire comme je crois qu’elles existent. Est-ce bêtise de ma part ? Mais il me semble que notre malheur vient exclusivement des gens de notre bord. Ce que je trouve de christianisme dans le socialisme est énorme. Voilà deux petites notes qui sont là, sur ma table :

« Ce système (le sien) n’est pas un système de désordre, car il a sa source dans l’Évangile, et de cette source divine ne peuvent découler la haine, les guerres, le froissement de tous les intérêts ! Car la doctrine formulée de l’Évangile est une doctrine de paix, d’union, d’amour. » (L. Blanc.)

« J’oserai même avancer qu’avec le respect du dimanche s’est éteinte dans l’âme de nos rimeurs la dernière étincelle du feu poétique. On l’a dit : sans la religion, pas de poésie ! » (Proudhon.)