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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mais mon sempiternel roman m’assomme parfois d’une façon incroyable ! Ces minces particuliers me sont lourds à remuer ! Pourquoi se donner du mal sur un fond si piètre ?

Je voulais vous en écrire très long sur Cadio ; mais il est tard et les yeux me cuisent.

Donc, merci, tout bonnement, ma chère maître.


971. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Mercredi soir [juin 1868].

Je commençais à m’inquiéter de vous, Princesse. Votre bonne lettre, heureusement, est venue hier me rassurer.

Vous vous plaignez « du Monde » qui vous occupe. Il est peu de personnes pourtant sur lesquelles il ait moins d’influence.

Il n’a pu entamer votre nature et, de toutes les calomnies imaginables ou inimaginables, il y en a une qu’on ne se permettra jamais : c’est de vous accuser d’être banale. Prudhomme, (permettez-moi de vous le dire, Princesse,) est très loin de vous, ne serait-ce que par l’écriture. Vous n’avez rien de « Brard et Saint-Omer » et vos lettres ressemblent à ces grandes dames turques qui laissent voir des yeux splendides à travers la gaze.

Dans vos lignes, à première vue, on saisit çà et là des choses charmantes et on est dépité de ne pas voir le reste. Mais on y revient ; ce sont des acquisitions graduelles.

Tout cela est pour m’excuser de ne pouvoir répondre à une question que vous me faites sur le