Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/381

Cette page a été validée par deux contributeurs.
375
DE GUSTAVE FLAUBERT.

970. À GEORGE SAND.
Samedi soir [juin 1868].

J’ai reçu vos deux billets, chère maître. Vous m’envoyez pour remplacer le mot « libellules » celui d’« alcyons ». Georges Pouchet m’a indiqué celui de gerre des lacs (genre Gerris). Eh bien ! ni l’un ni l’autre ne me convient, parce qu’ils ne font pas tout de suite image pour le lecteur ignorant[1].

Il faudrait donc décrire ladite bestiole ? Mais ça ralentirait le mouvement ! ça emplirait tout le paysage ! Je mettrai « des insectes à grandes pattes », ou « de longs insectes », ce sera clair et court.

Peu de livres m’ont plus empoigné que Cadio, et je partage entièrement l’admiration de Maxime.

Je vous en aurais parlé plus tôt si ma mère et ma nièce ne m’avaient pris mon exemplaire. Enfin, ce soir, on me l’a rendu ; il est là sur ma table et je le feuillette tout en vous écrivant.

Et d’abord, il me semble que ça doit avoir été comme ça ! Ça se voit, on y est et on palpite. Combien de gens ont dû ressembler à Saint-Gueltas, au comte de Sauvières, à Rebec ! et même à Henri, quoique les modèles aient été plus rares. Quant au personnage de Cadio, qui est plus d’invention que les autres, ce que j’aime surtout en lui, c’est sa rage féroce. est la vérité locale du caractère. L’humanité tournée en fureur, la guillo-

  1. Documentation pour L’Éducation sentimentale.