divague dans mille projets. Un livre à écrire est pour moi un long voyage. La navigation est rude et j’en ai d’avance mal au cœur. Voilà.
Si bien que, la venette s’ajoutant à ma stérilité d’imagination, je ne trouve rien. Dès qu’une idée surgit à l’horizon et que je crois entrevoir quelque chose, j’aperçois en même temps de telles difficultés que je passe à une autre, et ainsi de suite.
J’ai lu, d’un seul coup, 33 féeries modernes, tout le répertoire Dennery, Clairville, Anicet Bourgeois ! Quel pensum ! C’est, avec saint Augustin et le cochon de lait, ce que je connais de plus lourd. On n’a pas l’idée du poids de ces fantaisies. Je lis aussi des poésies de Shakespeare, la Bibliothèque des Fées, et j’ai terminé les Misérables. Avez-vous savouré la dissertation sur les engrais ? ça doit plaire à Pelletan.
Quant à mes projets de locomotion, je ne sais encore si j’irai à Vichy. Vous pouvez donc m’écrire ici, en toute sécurité, jusqu’aux premiers jours d’août. Serez-vous à Paris à cette époque ? Mon intention est toujours de commencer mon hiver dès le milieu de septembre prochain, pour faire « gémir les presses ». […].
Le ciel n’est pas plus beau ici qu’en Champagne ; on dirait à sa couleur un pot de chambre mal rincé ; il a des écaillures de vieille porcelaine avec un vague ton jaune au milieu, qui ressemble à de l’urine et tient la place du soleil. La nature est bête comme les hommes, décidément. Quand on a le malheur d’être cloué à ces aimables contrées, on devrait vivre aux lumières, dans une serre chaude.
Il doit y avoir dans quinze jours des courses à