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DE GUSTAVE FLAUBERT.

954. À JULES DUPLAN.
Croisset, nuit de vendredi à samedi,
24-[25] janvier 1868.

Comme je suis content de te savoir heureux, mon cher bougre ! Je vois d’ici ta binette et celle de Cernuschi contemplant les fresques de Medinet-Abou. La plus basse envie me dévore. Nom d’une balle, que je voudrais être avec vous ! Mais quels seigneurs vous faites. Un pyroscaphe pour Vos Excellences et Mariette-Bey pour cicerone !

Me voilà arrivé à peu près à la fin de ma seconde partie. Je viens, ce soir, de bâcler les huit dernières pages. Il me reste à y mettre le grainé fin ; la ligne est faite. Quant au trait de force ?…

Aussi, mercredi prochain, vais-je me ruer vers la capitale, ce centre des arts, cette ville qui, comme une courtisane, etc… Un peu de repos, franchement, ne me sera pas nuisible.

D’ailleurs, j’ai, depuis six mois, vécu si obstinément seul sur le Parnasse qu’il est bien juste que j’aille à Cythère !

J’ai eu dernièrement des embêtements graves. La petite fille de ma nièce Juliette est morte d’une pneumonie, suite d’une rougeole. La mère et le moutard avaient eu la rougeole ; la mère l’avait encore et était dans son lit. Tu n’imagines rien de lamentable comme cette jeune femme, la tête sur son oreiller, et répétant au milieu de ses larmes : « ma pauvre petite fille ». Le grand-père (mon frère) était complètement dévissé. Quant à ma