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CORRESPONDANCE

nouvelles, l’artiste Feydeau a un succès avec la Comtesse de Châlis, ce qui ne l’empêche pas d’échanger, dans le Figaro, des objurgations avec l’israélite Lévy. La Manette Salomon des Bichons me paraît avoir remporté une veste d’une telle longueur qu’elle peut passer pour un linceul ; c’est à lire néanmoins.

En fait de lectures, je me suis livré dernièrement à l’étude du croup. Il n’y a pas de style plus long et plus vide que celui des médecins ! Quels bavards ! Et ils méprisent les avocats !

Fais-moi penser à t’apporter une raide pièce de vers composée par Bérat ; c’est un éloge de Rouen comme tu n’en découvriras pas dans les hypogées, je t’en réponds.


949. À GEORGE SAND.
[Croisset] nuit de mercredi [18-19 décembre 1867].

Chère maître, chère amie du bon Dieu, « parlons un peu de Dozenval », rugissons contre M. Thiers ! Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois ! Non, rien ne peut donner l’idée du vomissement que m’inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la bourgeoisie ! Est-il possible de traiter avec un sans-façon plus naïf et plus inepte la philosophie, la religion, les peuples, la liberté, le passé et l’avenir, l’histoire et l’histoire naturelle, tout, et le reste ! Il me semble éternel comme la médiocrité ! Il m’écrase.