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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Le ton bourru de ma dernière lettre vous a prouvé quel cas je fais du fond de votre esprit. Je n’aime pas moins tout le reste de la personne, vous le savez. Aussi ai-je vu avec plaisir que Darcel prenait avec vous un genre de critique plus révérencieux ; j’ai été content de son article, ou à peu près.

J’espère vous voir à la fin de janvier, quand j’aurai fini le dernier chapitre de ma seconde partie.

Pensez quelquefois à moi. Je baise les deux côtés de votre joli col.


944. À EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
[Croisset] Nuit de mercredi, 2 h. [novembre 1867].

J’ai reçu les deux volumes ce matin à 11 heures et je viens de les finir. C’est vous dire, mes bons, que Manette Salomon m’a occupé toute la journée. J’en suis ahuri, ébloui, bourré. Les yeux me piquent. Donc, je vous expectore mon sentiment, sans la moindre préparation.

Quant à du talent, ça en regorge. Quelle abondance, n… de D… ! Jamais de la vie vous n’avez été plus vous, ce qui est le principal.

Voici, en fermant les paupières, ce que je revois : primo et avant tout le caractère de Garnotelle. Ce bonhomme-là est réussi d’un bout à l’autre et enfonce Pierre Grassou de cent coudées ; 2o  toutes les poses de Manette. Vous avez là des pages à apprendre par cœur, des morceaux qui sont exquis, parfaits ; 3o  un clair de lune finissant par « et la