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CORRESPONDANCE

940. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset] mardi [12 novembre 1867].
Chère Caro,

Je suis revenu hier au soir mourant de faim et de froid et, après un somme de dix heures, mon premier soin est de t’écrire. Il paraît que je ne vais pas être longtemps sans te voir, mon pauvre loulou. Tant mieux, car je m’ennuie beaucoup de ton aimable personne ; il me semble qu’il y a fort longtemps que je ne t’ai vue.

Tu serais bien gentille de m’écrire un petit mot pour me dire quand est-ce que tu viendras. Ta bonne maman repassera sans doute par Dieppe jeudi ; tu peux la garder encore, car elle s’amuse et se plaît beaucoup plus chez toi que chez elle. Le temps est magnifique. Qu’elle en profite !

Julie est retombée malade le jour même de mon départ. Elle est couchée et Fortin vient la voir tous les jours ; mais elle va mieux. Pas n’est besoin de te dire que ton hospitalité l’a ravie.

Je te quitte, mon pauvre loulou, pour écrire au père Michelet qui m’a envoyé son Louis XVI.

Adieu. À bientôt j’espère.

Ton vieux ganachon qui t’aime.