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CORRESPONDANCE

Voilà ce que j’avais à vous dire de plus dur. Il y a aussi quantités d’expressions toutes faites, d’idiotismes usés. Vous ne me paraissez pas vous inquiéter, comme autrefois, du sacro-saint style.

J’ai vidé le fond de mon sac, et je vous embrasse. Me pardonnez-vous ?


931. À LA PRINCESSE MATHILDE·
Jeudi, Croisset, près Rouen.

Quand je suis arrivé ici, au milieu de la semaine dernière, j’étais si malade que j’ai été plusieurs jours sans pouvoir ni dormir ni travailler. J’ai trouvé ma mère singulièrement faible. Elle m’a même, pendant un moment, causé de l’inquiétude. Mais enfin tout va mieux, Dieu merci, et je vous demande de vos nouvelles, Princesse, car je m’ennuie de vous, comme si je ne vous avais pas vue depuis quinze ans.

Vous me recevez avec une bonté si gracieuse, et je me suis fait d’aller rue de Courcelles une habitude si douce que, revenu dans ma solitude, je sens un grand vide.

Je n’en bougerai pas de tout cet été, sauf pour aller à Saint-Gratien, bien entendu. Ce sera le seul plaisir que je me permettrai ; je n’en vois pas de plus grand à prendre.

J’ai été très content du discours de Sainte-Beuve ; et vous aussi, n’est-ce pas ?

Comme Monseigneur l’Archevêque de Rouen est beau ! Et voila les hommes qui nous dénigrent et qui vous trahissent.