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DE GUSTAVE FLAUBERT.

925. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, jeudi 22 [juillet 1867].

Si Votre Altesse n’a pas avancé son séjour aux bains de mer, j’espère me présenter chez elle dans une quinzaine environ. Car au commencement du mois prochain je mènerai ma mère à Paris afin de lui montrer l’Exposition.

J’aurais très bien accepté vos deux billets pour la cérémonie. C’eût été une occasion légitime de vous voir ; or vous savez, Princesse, que ces occasions-là je ne les rate pas.

Ce que vous me dites de Sainte-Beuve est peut-être vrai. Il a peut-être dépassé la mesure (à un certain point de vue, qui n’est pas le mien d’ailleurs). Mais ses adversaires lui avaient donné l’exemple, et puis il est si difficile de rester dans les limites ! On est lâche en deçà, téméraire au delà ! Que faire ?

Je ne comprends goutte à l’histoire de l’École normale. La mort de Maximilien[1] m’a fait horreur ! Quelle abomination ! et quelle triste chose que l’espèce humaine !

C’est pour ne pas songer aux crimes et aux sottises de ce monde et pour n’en pas souffrir que je me réfugie dans l’art, à corps perdu. Triste consolation ! à défaut d’autres, cependant…

Que dites-vous de Ponsard qui a trouvé moyen,

  1. L’Empereur du Mexique, fusillé à Queretaro, le 19 juin 1867.