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CORRESPONDANCE

qui ne sont pas naturellement et toujours agités, comme les feuilles du tremble ! Mais j’ai peur de vous ennuyer avec mes plaintes.

C’est vous, au contraire, qu’il faut plaindre. Car la vie que vous menez maintenant doit vous excéder ! Vous aimez trop le vrai pour vous plaire à l’officiel.

Allons ! que la foule des têtes couronnées vous soit légère et qu’elle passe vite !

Gardez-moi toujours, de temps à autres, un bon souvenir et permettez-moi, Princesse, de vous baiser les deux mains, en vous assurant que je suis entièrement

le vôtre.
G. Flaubert.

921. À GEORGE SAND.
[Croisset, vers le 15 juin 1867].

J’ai passé trente-six heures à Paris au commencement de cette semaine, pour assister au bal des Tuileries. Sans blague aucune, c’était splendide. Paris, du reste, tourne au colossal. Cela devient fou et démesuré. Nous retournons peut-être au vieil Orient. Il me semble que des idoles vont sortir de terre. On est menacé d’une Babylone.

Pourquoi pas ? L’individu a été tellement nié par la démocratie qu’il s’abaissera jusqu’à un affaissement complet, comme sous les grands despotismes théocratiques.

Le czar de Russie m’a profondément déplu ; je l’ai trouvé pignouf. En parallèle avec le sieur Flo-