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DE GUSTAVE FLAUBERT.

920. À LA PRINCESSE MATHILDE.
[Fin mai 1867].

C’était par pure discrétion, Princesse, que je ne vous écrivais pas, vous supposant trop occupée par les visites des Souverains[1] pour avoir le loisir de penser à mon humble personne.

Que les « absents aient tort » (quand c’est vous qui êtes l’absente ! ) je n’admets pas cela ! Vous n’en croyez rien, n’est-ce pas ? Autrement vous vous tromperiez, ce qui serait contraire à vos habitudes.

Mais que voulez-vous que je fasse ici, dans l’isolement, sinon songer à vous ! C’est même la plus douce de mes occupations.

Je vous remercie bien de l’intérêt que vous marquez pour ma mère. Je l’ai trouvée affaiblie et vieillie. Cependant je n’ai pas d’inquiétude immédiate.

Je la mènerai voir l’Exposition vers le milieu de juillet, c’est-à-dire que, dans six semaines, Princesse, je me présenterai à Enghien ; et j’espère, quelque temps après, vous retrouver à Dieppe.

Depuis mon retour dans ma patrie, je suis travaillé par un mal de dents qui me fait souffrir violemment. Car mon enveloppe de gendarme recouvre une sensitive. Heureux les gens qui n’ont pas de nerfs, les gens calmes et forts, ceux

  1. Visite des souverains étrangers à l’Exposition de 1867.