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CORRESPONDANCE

Page 161. Le langage des deux personnages en scène est-il bien vrai ? « Heureux l’homme qui a su faire vibrer les nobles instincts de votre âme, Madame. »

Gustave, l’artiste sceptique, est un personnage de vaudeville. Il ressemble trop au confident de toutes les pièces.

Mais le roman prend une allure beaucoup plus relevée à partir du chapitre xiv commençant par la description de Nice, qui est un morceau.

Malgré des phrases telles que celle-ci : « les premiers mois de mariage furent pour les deux époux un enchantement perpétuel », les premiers détachements du comte sont finement faits.

Le domino jaune, enveloppé de jais noir, fait une grande impression, excite la curiosité, et le dialogue est bon. Une phrase sur la voix du domino, exquise de justesse.

J’aime la description d’Hélène courant à cheval. Mais je demande, en toute humilité, si l’action héroïque qu’elle fait n’est pas un peu poncive ?

Chapitre xix. Pourquoi Venise ? puisque rien d’utile au roman ne s’y passe, ou plutôt ce qui s’y passe pourrait être dit en trois mots.

Page 279. Bon, le boudoir d’Hélène, et le dialogue qui s’y trouve, idem. Je trouve superbe le marquis de Ver et la fin du chapitre xxi.

Les scènes du chalet sont intéressantes ; on a peur pour cette pauvre Madeleine ; il y a de la puissance dans toute cette partie-là. De la puissance dramatique, il me semble. On regrette que ça ne soit pas sur les planches.

La lâcheté du comte est concevable en ce sens qu’elle est bien amenée ; mais l’atrocité d’Hélène