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CORRESPONDANCE

Croisset avant ta rentrée à Paris. Dans ce cas-là, il faudra que tu viennes me voir là-bas, ne serait-ce qu’un jour.

Tu es juste maintenant dans le milieu dont j’aurais besoin pour mon roman sur l’orient moderne. Tu vois les choses et fréquentes des binettes qui me seront indispensables. Pense-z-y. je ne te demande pas, bien entendu, de prendre des notes ; mais j’en prendrai d’après tes souvenirs tout récents, que tu me dérouleras dans le silence du cabinet.

Blamont a été très gentil. Lévy m’a enfin prêté cinq mille francs, que j’espère, du reste, lui rendre au mois de mai prochain ; car ma mère a vendu sa ferme de Courtavent et veut nous en partager le montant. Le premier payement aura lieu dans six semaines ; je dois avoir, alors, dix mille francs, dont je cracherai la moitié à l’Israélite. Pour remercier Blamont de ses bons services, je lui ai communiqué deux palimpsestes HENAVRMES : l’un est un procès-verbal de gendarmerie ; l’autre, les mémoires secrets d’une dame. Pas n’est besoin de dire que les deux documents sont lubriques.

Je suis arrivé de Croisset, ici, avec Monseigneur, le 19 février, pour la centième de la Conjuration. Trois jours après, la mère de Bouilhet mourait. Le pauvre bougre a passé par d’atroces moments. Notre ami Maxime a publié, dans la Revue des Deux Mondes, un grand article sur le télégraphe, et est maintenant lancé dans les voitures. Ses Forces perdues ont paru en volume. Connais-tu cela ? C’est évidemment ce qu’il a fait de meilleur.