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CORRESPONDANCE

906. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Dimanche [mars 1867].
Madame,

J’ai eu des nouvelles de Votre Altesse hier, par Bouilhet ; je sais donc que vous vous portez bien, c’est l’essentiel. Quand vous n’aurez rien de mieux à faire vous serez néanmoins bien bonne de m’envoyer un peu de cette écriture qu’on lit avec autant de plaisir que de peine. Autant n’est pas juste, car l’un l’emporte sur l’autre.

Je vous félicite d’avoir traversé ce mois-ci sans rhume, grippe, ou douleur ; il a fait sur « mes bords » un froid atroce terminé par un dégel abominable. J’ai eu des toits crevés, bref un tas d’événements pittoresques mais désagréables.

Le plus désagréable c’est de vivre loin de vous. Mon temps de solitude va heureusement cesser, car je compte me présenter chez vous vers le milieu du mois prochain.

Je vis dans une telle ignorance des choses de ce monde que j’ignorais les changements de ministre, et la suspension de Galilée[1]. Ne trouvez-vous pas que Ponsard tourne au Sixte-Quint ?

Voilà les jours qui rallongent et la lumière qui revient. Travaillez-vous ?

Quant à moi, j’ai fait cet hiver tout ce que j’ai

  1. Pièce de Ponsard jouée — bien qu’elle ne fût pas écrite pour la représentation — sur la scène du Théâtre-Français le 7 mars 1867, où elle n’eut aucun succès.