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CORRESPONDANCE

d’une conversation plus exquise (c’est de Tourgueneff que je parle et non de Sainte-Beuve ; on peut s’y tromper). Sa compagnie vous plairait infiniment, j’en suis sûr.

Voilà de bien mauvais jours pour votre atelier, n’est-ce pas ? Quelle humidité, quel vilain temps ! Ne vous semble-t-il pas, quelquefois, que l’eau du ciel nous entre dans le cœur et y fait des larmes ? C’est pour cela qu’il faut se créer un autre monde, en dehors de la nature : l’Idéal console du Réel. Il y a pourtant de belles réalités, et qui sont bonnes en même temps.

Je vous baise les deux mains, Princesse,

et suis tout à vous.
G. Flaubert.

902. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, jeudi, 11 heures, 28 février 1867.

Mais, mon pauvre loulou, il me semble que la décence exigeait que ce fût la nièce qui écrivît d’abord à son oncle. Il est vrai que ton vieux ganachon ne tient pas beaucoup à la décence ! C’est là ce qui te justifie à mes yeux des reproches amers que tu m’envoies.

Je savais le voyage peu agréable de ton époux. L’important, c’est que la ferme est vendue et qu’on sera délivré des lamentations du gérant et du fermier.

Quant à ta grand’mère, ne crois pas qu’elle en sera plus tranquille. Il est dans sa nature de se tourmenter toujours. Quand les sujets d’inquié-