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CORRESPONDANCE

720. À JULES DUPLAN.
[Croisset, début de juin 1862].
Mon cher Vieux,

Tout ce que je te peux répondre, c’est que je ne te réponds pas.

J’ai la tête pleine de ratures, je suis harassé, excédé, « hahhuri » par Salammbô ; le dégoût de la publication s’ajoute aux nausées de l’œuvre ; bref, le nom seul de mon roman m’emm… jusqu’au fond de l’âme.

Donc, attendez jusqu’au milieu ou à la fin de la semaine prochaine, je me déciderai ; d’ici là, on peut voir d’autres éditeurs.

N.-B. — Il y aurait encore à demander à Lévy combien il offre du manuscrit sans le lire. Il n’en offrira pas davantage (peut-être même en offrira-t-il moins) quand il l’aura lu.

Et puis, l’idée de la balle de Lévy foutant ses pattes sur mes pages me révolte plus que ne pourra faire n’importe quelle critique.

On se paye de deux manières : ou par orgueil ou par argent ; il faut choisir.

Mes prétentions pécuniaires sont exorbitantes ?

Rabattons-en, et restons fier !

Je serais tout seul, c’est-à-dire sans toi, sans mère et sans Monseigneur, avec quelles délices je rengainerais la chose dans un carton, sans y plus songer ! Enfin !