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CORRESPONDANCE

primée ne devrait pas avoir plus d’importance que la Parole prononcée. Espérons qu’on y arrivera ! […]

Mon « illustre amie », comme vous dites, a été assez malade. Elle est maintenant à Nohant. Je crois qu’elle va passer le reste de l’hiver dans le Midi.

Je souhaite à Ponsard et à Dumas tout le succès possible. Je les applaudirai de grand cœur, si je peux être à leur première.

Tant mieux que Sainte-Beuve se rétablisse ; il faut qu’il vive longtemps, nous en avons tous besoin. Vous faites bien d’avoir pour lui de l’affection, car il vous est sincèrement dévoué. Mais peut-on vous connaître et ne pas vous aimer, Princesse !

C’est pourquoi je prends la liberté de vous baiser les deux mains et de vous affirmer que je suis entièrement vôtre.

G. Flaubert.

893. À GEORGE SAND.
Croisset, nuit de samedi [12-13 janvier 1867].

Non, chère maître, vous n’êtes pas près de votre fin. Tant pis pour vous, peut-être. Mais vous vivrez vieille et très vieille, comme vivent les géants, puisque vous êtes de cette race-là ; seulement, il faut se reposer. Une chose m’étonne, c’est que vous ne soyez pas morte vingt fois, ayant tant pensé, tant écrit, et tant souffert. Allez donc un peu, comme vous en aviez tant envie, au bord de la Méditerranée. L’azur détend et retrempe.