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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’en suis, derechef, charmé. Quel talent, nom de Dieu ! Quel talent ! C’est le cri que je pousse par intervalles, dans le « silence du cabinet ». J’ai tant pleuré pour de vrai, au baiser que Porpora met sur le front de Consuelo !… Je ne peux mieux vous comparer qu’à un grand fleuve d’Amérique. Énormité et douceur.

Je n’ai pas encore lu les Odeurs du grand homme nommé Veuillot. S’il n’y a pas d’injures contre nous, c’est incomplet. Et des gens d’esprit admirent tout cela, pourtant ! Oh ! saint Polycarpe !


888. À ERNEST FEYDEAU.
Croisset, mardi [fin 1866-début 1867].
Cher Vieux,

Je ne sais pas si tu existes encore, mais comme je viens te demander un service, j’espère que tu me donneras de tes nouvelles. Voici la chose ; elle concerne mon bouquin[1].

Mon héros Frédéric a l’envie légitime d’avoir plus d’argent dans sa poche et joue à la Bourse, gagne un peu, puis perd tout, 50 à 60 000 francs. C’est un jeune bourgeois complètement ignorant en ces matières et qui ne sait pas en quoi consiste le 3 p. %. Cela se passe dans l’été de 1847.

Donc, de mai à fin août, quelles ont été les

  1. Il s’agit du chapitre IV de la seconde partie de L’Éducation sentimentale, page 346 : « à la fin de Juillet, une baisse inexplicable fit tomber les actions du Nord… »