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CORRESPONDANCE

Vous me parliez de vos lectures, autrefois. Lisez donc un nouveau roman d’un ami très intime, Maxime Du Camp (mon ancien compagnon de voyage). Cela a paru dans la Revue Nationale et a pour titre les Forces perdues.

Voilà exactement comme nous étions dans notre jeunesse ; tous les hommes de ma génération se retrouveront là.

Je suis bien curieux d’avoir votre sentiment personnel sur cet ouvrage.

Quant au mien, je ne suis pas encore à la moitié. Il est très long et très difficile à écrire.

Je vous serre les mains bien affectueusement et suis votre tout dévoué.


883. À GEORGE SAND.
Croisset, nuit de samedi [15-16 décembre 1866].

J’ai vu le citoyen Bouilhet, qui a eu dans sa belle patrie un vrai triomphe. Ses compatriotes, qui l’avaient radicalement nié jusqu’alors, du moment que Paris l’applaudit, hurlent d’enthousiasme. Il reviendra ici samedi prochain pour un banquet qu’on lui offre : 80 couverts au moins, etc. !

Quant à Marengo l’hirondelle, il vous avait si bien gardé le secret qu’il a lu l’épître en question avec un étonnement dont j’ai été dupe[1].

  1. G. Sand avait écrit le 8 décembre : « Je vois que ce coquin de Bouilhet m’a trahie ; il m’avait promis de recopier d’une folle écriture la lettre de Marengo pour voir si vous y couperiez. »