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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Bref, j’espère que, le galop de ce matin ayant produit quelque effet, dans huit jours je baiserai à mon aise tes bonnes joues.

Monseigneur lit sa pièce[1] demain à Fournier[2], à 8 heures du matin. Mais on prétend que ledit Fournier va faire faillite.

Je suis en train de lire le dernier des quatre volumes des Misérables nouvellement parus. Je vous les apporterai.

Nous avons hier dîné chez Mme Cornu, et mercredi nous dînons avec les Bichons.

Maisiat est venu hier me faire ses adieux. Il part pour la campagne. Embrasse ta bonne maman pour moi, bien tendrement.

Ton vieux ganachon d’oncle.

718. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
[Croisset, mai 1862].

Pauvre chère amie, j’ai longtemps hésité à vous écrire, car il m’est impossible de trouver des mots, des consolations[3], comme on dit. J’ai passé par là, et toutes les phrases banales que l’on débite en pareilles circonstances, loin de soulager, irritent. Mais si nous étions l’un près de l’autre, vous verriez bien que je ne suis pas insensible à votre douleur.

J’ai pensé longuement à vous, à votre solitude

  1. Faustine.
  2. Directeur de la Porte-Saint-Martin.
  3. Mort de Mme Goujon, qui adopta en 1844 Mlle Bosquet et sa sœur.